2010 Violaine Hulné – Présentation de René Lesné
pour la Bible de la Figuration Contemporaine tome1 – édition 2011/2012 lelivredart
La peinture de Violaine Hulné, entre observation attentive de la réalité et interprétation à la limite de l’abstraction, nous introduit avec assurance et sérénité dans un univers familier et mystérieux.
Formée à Paris à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, c’est à San Gimignano où elle habite une partie de l’année qu’elle développe son expression picturale. La campagne toscane constitue l’ancrage privilégié de son inspiration. Elle en donne une vision ample et troublante.
Violaine Hulné s’empare de l’étendue du paysage (Landscapes) avec puissance et poésie. Mettant l’accent sur sa structure, les collines ondoyantes, les champs de vignes et d’oliviers qui le rythment et les découpent et jouant avec la lumière, elle nous révèle sa magie. Les vues surplombantes qu’elle nous propose, à force de tendre vers l’infini, deviennent irréelles ; les rochers, les maisons se figent dans une sorte d’indifférence métaphysique ; les ciels (skies), chargés, inquiétants, nous tiennent en respect ; les oliviers (olivo-trees), flamboyants, se tordent et nous interpellent. La peinture tout en suscitant l’imaginaire, laissant l’esprit vagabonder par monts et par vaux, paradoxalement, provoque non moins fortement l’étonnement et l’arrêt stupéfait du regard.
A ces peintures où s’entrechoquent les formes terriennes, stables, et les formes atmosphériques qui semblent fusionner, répondent d’autres peintures (geometric landscapes), qui explorent le jeu complexe des aplats colorés et du réseau des lignes droites ou courbes. Les couleurs et les formes dès lors s’autonomisent obéissant au jeu des signes et du plan de la toile. Ce jeu est aussi celui de « l’intarsia » florentine du XVe siècle. Mais cette tradition de la Haute Renaissance qui s’inscrit dans le réseau contraint du dessin perspectiviste, est ici revue et corrigée à l’aune de l’abstraction du XXe siècle. Toutefois Violaine Hulné n’abandonne pas la figuration pour l’abstraction. Elle explore, elle réaménage le paysage, elle le défait et joue avec ses motifs qu’elle synthétise et ses couleurs dont elle accentue la vivacité et la franchise. Les découpes nettes des figures se chevauchent. Les signes visuels bidimentionnels et tridimentionnels ainsi s’imbriquent comme des pièces et provoquent une sorte de vertige coloré. Elle embrasse ainsi la totalité du paysage qu’elle assemble et désassemble, intériorise et disloque comme autant de particules élémentaires absorbées et restituées ; autre forme de cristallisation, celle de l’éblouissement du paysage.
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152 rue Léon Maurice Nordmann
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