Au confluent, par ses origines, de plusieurs cultures, établi de longue date à Paris, mais italien par sa structure mentale, GIANNINI ne s’est jamais affranchi d’une réalité dont il n’a cessé de questionner les composantes sociales. En effet, il a toujours centré son écriture sur une certaine typologie populaire, captée dans des situations soit aliénantes, voire oppressantes, soit narquoises ou truculentes.
En outre, ses figures, ses nus, ses automobiles, ses immeubles, ses gares, dénotent une conscience active, tissée de toutes les sédimentations émotionnelles qui ont marqué le parcours d’un être.
Il faut essentiellement voir ici un témoignage sur les atours journaliers tour à tour agressifs, tendres, cocasses ou hallucinés qui nous entourent. Bien entendu, cette attitude pourrait être comprise comme une réaction contre les excès d’une société incertaine, mais elle traduit avant tout un sentiment de dérision, entre la nostalgie et la jubilation, le plaisir et la mort.
Dans les derniers travaux de GIANNINI, la figure mythique de Pinocchio, échappée subrepticement du roman de Collodi, vient mêler son rictus facétieux, son masque de carnaval et son air de parade, à cette pantomime fictivement désenchantée, à mi-chemin de la fable et du réel.
Ce qui, en définitive, irrigue cette oeuvre effervescente, c’est une joie de peindre irréductible, qui la transcende au fil de ses feux sonores et affolés.
Texte de présentation du travail de Giovanni Giannini par Gérard Xuriguéra
|