À l’occasion des Portes Ouvertes 2018 des Lézarts de la Bièvre, l’association a inauguré les projets lauréats qu’elle a porté au budget participatif de la Ville de Paris de réhabilitation des Ponts Pascal et Broca.

Sous sa direction artistique, les artistes Babs, Socrome et Keyone ont réalisé deux œuvres emblématiques de l’histoire des 5ème et 13ème arrondissements de Paris : une série consacrée aux contes de la rue Broca de Pierre Gripari et une création qui fait revivre la Bièvre, ce court d’eau parisien souterrain et oublié qui guide le parcours des ateliers d’artistes.

 

Bonjour à tous les deux, est-ce qu’on pourrait commencer en parlant de vos parcours ? Comment s’est passé votre rencontre avec le graffiti ? Qu’est-ce que vous faites aujourd’hui ?

Babs : Pour résumer, je commence à peindre à 11ans, je fais mon premier métro en 1992 et le dernier en 2010. En 2012, je recommence à faire des murs. En parallèle à partir de 2007, je commençais déjà à vendre des toiles via des ventes aux enchères chez Artcurial et avec quelques galeries. En 2014, ça devient mon travail.

Maintenant je fais des fresques murales, je travaille aussi avec des galeries, je vends des toiles mais mon travail sur toile et sur mur n’est pas du tout le même – c’est un travail beaucoup plus abstrait sur toile. Et il m’arrive de travailler de temps en temps avec des collègues sur des gros projets comme celui-ci, en l’occurrence avec Socrome et Keyone.

Comment es-tu passé du vandale à la toile ? Qu’est-ce qui s’est passé?

Ce n’est pas ce que j’avais prévu, ça s’est présenté à moi en fait. Un ami éditeur de livres de graffiti, Wasted Talent, un jour m’a dit : « j’ai une toile, est-ce que tu veux me la faire ? ». Je lui ai demandé ce qu’il voulait que je fasse sur une toile, je n’avais rien à y faire. « Je te la laisse, et quand je te rappellerai, tu me la passeras. » Ok. Donc un ou deux mois passent, et il m’appelle en me disant « il me faut la toile, t’as pensé à moi ? » J’ai pris 4 fonds de bombes, j’ai fait un truc vite fait et je lui ai donné. Un mois plus tard, je l’ai vue à la télévision pour la première vente aux enchères de graffiti d’Artcurial et elle a été vendue. Je me suis dit que c’était cool que le graffiti se vende maintenant, et à partir de là, je faisais des toiles ponctuellement, uniquement pour les ventes aux enchères, tout en continuant le graffiti à côté.

 

C’est en arrêtant le graffiti vandale, que je me suis posé beaucoup de questions sur ce que j’allais faire après. J’ai pensé à arrêter complètement le graffiti parce que ça ne me plaisait pas du tout de faire des murs, je faisais un graffiti très rapide sur le métro et ça n’avait rien à voir.

Comme j’avais arrêté de dessiner du moment où j’ai fait du vandale, je me reposais sur mes acquis. Ça a évolué un peu avec le temps, mais je ne poursuivais pas un travail novateur, je ne cherchais pas à créer des choses nouvelles.

Lorsque j’ai arrêté de peindre en vandale, des amis m’ont poussé à redessiner. De ce fait, je suis allé dans plusieurs directions, j’ai fait plusieurs rencontres, dont celle avec Keyone, Socrome, Dem189, Lek, etc. Des gens qui ont des styles complètement différents, des univers bien marqués et qui m’ont donné envie de me remettre au dessin. J’ai essayé des choses en terme de dessin et de technique, qui m’ont amené vers d’autres styles de peinture et j’ai beaucoup plus repoussé les limites de ce que je faisais. En parallèle, au niveau des toiles, c’était tout autre chose aussi.

J’ai fait une introspection sur ce que j’aimais réellement en peinture et comme je n’avais pas de réelles références – à l’époque où j’allais à l’école, on n’allait pas faire d’expos, on n’avait pas de cours de dessin – je connaissais les classiques (Picasso, Monet…) mais c’était abstrait pour moi, je m’en foutais.

Donc à ce moment là, avec l’outil formidable qu’est internet, je me suis fait ma propre culture. J’ai été cherché, je me suis imprégné de plein de courants. J’ai été marqué par le courant cubiste et continué de m’intéresser à tout. À partir de ça, j’ai déterminé ce qui m’intéressait hormis l’architecture et le design (les éléments de la vie de tous les jours), j’ai été logiquement vers des choses épurées et assez graphiques. Mes premières toiles abstraites étaient concentrées sur la ligne, le trait, le geste.

C’est comme si j’avais deux parties de moi : une partie assez complexe et minutieuse lorsque je peins un graffiti sur mur, et le côté très abstrait et simple de ce que je peins sur toile.

Ce serait un peu un Dr Jekyll et Mr Hyde mais en mode peinture. En graffiti, certaines personnes me disent que ce sont des formes assez torturées, ils voient des armes, plein de choses. Alors que moi, quand je peins, je ne vois rien du tout. Ce sont des formes qui se créent et qui s’emboitent les unes dans les autres.

As-tu des références côté bande-dessinée, science-fiction justement ?

Philippe Druillet, HR Giger, Katsuhiro Otomo… ce sont des univers qui m’ont plu quand j’étais môme. Ils m’ont influencé et j’ai intégré ces esthétiques à mon graffiti. Sauf que mon graffiti s’est tellement transformé… Je n’ai plus de lettres maintenant. Une fois sur dix, il y aura un lettrage. Mais la plupart du temps ce sont des formes improvisées qui m’amènent vers quelque chose de… hors normes on va dire.

Le graffiti que je faisais sur le métro, c’est de la publicité qu’on fait sur un nom, et non sur des formes d’expression. Maintenant, je ne signe quasiment plus mes graffs. Avant, mon style était assez commun. Là, ça me démarque.

 

Oui, aujourd’hui, tu travailles du motif sans que ce soit du personnage non plus. Tu restes dans l’abstrait finalement ?

Oui voilà, c’est du graffiti abstrait. Mais même si le fait de travailler avec des personnes comme Key me donne envie d’aller beaucoup plus loin, au niveau du figuratif – le dessin c’est ce qui m’a amené vers le comics et tout ce qui m’a influencé à l’époque – le fait de côtoyer des gens qui sont polyvalents et d’avoir évolué, je sais que je peux apporter des choses complètement différentes aux personnages. Donc il se pourrait que dans un futur proche on voit plus d’éléments figuratifs dans mon graffiti. Mais c’est souvent avec les personnes avec qui je travaille assez régulièrement que je vois une évolution. Ça m’a toujours tiré vers le haut.

 

 

Keyone : Mon parcours est vraiment en relation avec Socrome pour le graffiti. Je l’ai rencontré en 2003 à la fac d’Arts plastiques. J’avais un style qui se rapprochait déjà plus ou moins de l’univers hip hop, des traits assez dynamiques. Il a vu ça et m’a conseillé de me lancer dans le graffiti avec lui, tout simplement. Lui, ça faisait déjà bien trois ans qu’il peignait si je ne me trompe pas. J’ai suivi la vague avec lui.

J’ai commencé par apprendre à maitriser l’outil qu’est la bombe, ce qui a été difficile au début, ça n’a rien à voir avec le stylo. Moi, je suis un amoureux du stylo et du papier, de l’illustration en règle générale. Du coup, prendre l’outil en main, obtenir les effets escomptés, etc., ça m’a pris un peu de temps. J’ai commencé à prendre réellement du plaisir à graffer à partir de 2004/2005, en peignant vraiment très régulièrement à cette période là.

Je me suis dirigé naturellement vers le personnage, ce qui était évident par rapport à mon intérêt pour l’illustration. Mais je ne négligeais pas la lettre pour autant – même si je n’en ai pas fait beaucoup – parce que pour moi un vrai graffeur doit maitriser la typographie.

J’ai plutôt peaufiné ma maitrise du personnage à travers des centaines de peintures à l’époque, et généralement en terrain. J’ai fait un peu de vandale, parce qu’en étant jeune on a quand même envie d’adrénaline, et je ne suis pas légendaire dans ce registre, mais au moins j’ai mis ma pierre à l’édifice.

Après avec Socrome, on a toujours fonctionné en binôme, j’ai très rarement peint seul. Ça m’est arrivé mais la plupart du temps j’étais avec mon équipe. On a voyagé par rapport à ça, on a fait des festivals, et de super rencontres, des graffeurs plus ou moins connus, plus ou moins talentueux… on a rencontré Babs comme ça. Lui il est talentueux, ça va ! (Rires)

 

Le graffiti m’a énormément inspiré dans mon art. Ça m’a apporté une réelle envie de découvrir d’autres mouvements artistiques, tu rencontres des gens qui font des choses qui n’ont rien à voir avec toi et de découvrir ça, ça influence énormément. D’ailleurs, c’est marrant parce que si je réfléchis à mes références, des fois ça ne ressemble par du tout à mon travail, ça n’a strictement rien à voir.

Ensuite je me suis lancé dans le tatouage sur les conseils d’un ami tatoueur pour qui je faisais des illustrations. L’envie est née de la frustration de voir mes dessins tatoués par quelqu’un d’autre. Chacun a sa touche, et qu’on le veuille ou non, ça peut ne pas du tout ressembler à ce que tu avais en tête ou ce que tu avais dessiné. Du coup, je me suis lancé comme ça.

 

Dans le graffiti, il y a une dimension éphémère de l’œuvre : le support peut se dégrader, les intempéries, ou tout simplement l’œuvre peut être recouverte. Alors que dans le tatouage, il y a une dimension permanente. Est-ce que c’est quelque chose qui a joué ?

Oui carrément. Le point de départ, c’est vraiment cette frustration. Mais ça a en effet découlé sur d’autres raisons qui étaient plus « justifiées » je dirais. Ce côté permanent : là tu marques quelqu’un, la seule chose qui va dégrader la pièce, c’est la mort. Du coup, c’est vrai que ça a une autre connotation : passer du mur à la peau avec cet aspect indélébile. Quoi que, tu peux aussi te faire repasser dans le tatouage, mais c’est moins probable surtout si tu as bien cerné le projet de la personne.

C’est un aspect qui m’a beaucoup charmé. Et aussi le fait d’imposer mon style sur les gens et qu’ils se baladent avec une œuvre d’art en permanence. Cette reconnaissance est vraiment agréable, quand quelqu’un vient te voir pour ton style et pas parce que tu es une photocopieuse.

Ça a été difficile au début, encore une fois par rapport aux outils. Mais je suis obstiné sur ses questions là, donc j’ai appris jusqu’à maitriser véritablement.

Maintenant c’est mon activité principale. On a ouvert un salon dans le 19ème arrondissement de Paris. Ça marche pas mal, au départ on était setp, maintenant on est treize-quatorze. On s’est même étendu.

Ça s’appelle Yoso. Ça se passe super bien.

 

Tu gardes le même nom pour le graff et le tatouage ?

Justement non. On en parle souvent avec Babs et Socrome. J’ai un dédoublement de personnalité là-dessus. J’essaye de fusionner un peu les deux. Pour moi, Keyone c’est le graffiti et l’illustration. Clumsy Hands c’est le tatoueur. Mais les deux peuvent se rencontrer. Ça fait une espèce de collaboration entre deux personnalités mais en réalité ce que je fais en tatouage – les gens me le disent – on sent ma patte, même si je vais dans d’autres directions et que je suis plus vaste en terme de thématiques.

Je suis en train de réfléchir à ça et je pense que je vais faire sauter Clumsy Hands à un moment ou à un autre. Le truc c’est que tout le monde me connait en tant que tatoueur par ce nom là, donc il va falloir qu’il y ait une transition douce, mais je crois que ce serait mieux d’avoir une seule et même entité.

J’ai fait une exposition récemment, avec un artiste et collègue tatoueur qui s’appelle Cara, que j’ai présenté en tant que Key.

 

Comment s’est passée la rencontre avec Lézarts de la Bièvre ?

Babs : La connexion avec Lézarts s’est faite via Seth, qui est un bon pote. Un jour, j’étais venu le voir alors qu’il était en train de peindre pour les Lézarts justement, il y a 4 ou 5 ans, et Catherine Teissandier était présente. On a commencé à discuter et elle m’a dit qu’elle cherchait quelqu’un pour faire une exposition dans sa galerie. J’ai trouvé ça sympa, ce serait ma première exposition solo. Et de là, j’ai commencé à travailler avec Catherine. Après le projet de l’exposition, elle m’a proposé de peindre le pont Pascal. Je lui avais dit oui, pourquoi pas, et quand j’ai vu la surface, je me suis dit que c’était cool de faire un truc tout seul mais que ça pouvait aussi être bien avec une bonne équipe, et surtout pour un projet comme celui-là, des personnes complémentaires de façon à avoir vraiment des univers différents mais qui se complètent pour donner quelque chose de cohérent au niveau d’une fresque.

 

 

Tu savais d’emblée à qui proposer ?

Oui, ça a été rapide. Je voulais du perso, un style en particulier, du lettrage aussi. On m’aurait demandé autre chose, je serais allé voir d’autres artistes capables de plus se rapprocher de ce dont Catherine avait envie. Du coup, j’ai contacté Socrome et Keyone. Ça s’est fait assez rapidement.

 

Catherine m’avait parlé de la thématique de la Bièvre, on s’est vus pour en parler, choisir un peu la direction : est-ce qu’on allait faire quelque chose de très littéral : une rivière qui coule entre des bâtiments ? De cette conversation, est ressorti qu’on allait prendre le thème à contre-pied : on a été chercher le monde aquatique et on l’a fait émerger sur le côté urbain.

La Bièvre est incarnée par un personnage féminin qui souffle des poissons et tout l’univers qui se crée autour de ça. On a conservé la dimension graffiti, avec du lettrage qui prend la forme d’un poisson avec des arrêtes…

Oui, on est presque dans une représentation un peu allégorique…

C’est ça, on est parti sur quelque chose de plus féérique, qui joue sur l’imaginaire.

 

Comment est-ce que vous avez travaillé en terme de préparation, de composition, sketches ?

On a préparé un plan sur papier qu’on a transmis en précisant bien qu’il s’agissait juste d’une ébauche, parce qu’une fois arrivés sur le mur, ce ne serait peut-être pas du tout comme ça. Elle nous a fait confiance. Et effectivement, on a conservé la 2 CV, mais tout le reste a été totalement improvisé. Le gros poisson en sushis avec un style réaliste, ça s’est décidé devant le mur.

En fait, sur le pont Pascal, c’est en arrivant sur place qu’on s’est dit, on va faire comme ça, ce qui serait bien ce serait d’avoir un personnage à tel endroit…

Sur le pont Broca, on est parti des personnages de Key (le Bon Petit Diable et la Sorcière) qui sont centraux et d’où partent tout l’histoire. Ensuite on a brodé autour pour raconter quelque chose.

 

Et comment est-ce que vous avez sélectionné les personnages ?

On a regardé les dessins animés et on a choisi les personnages qui nous plaisaient le plus. C’est beaucoup de feeling. Key a été mis en avant parce que son travail était essentiel pour démarrer la fresque et après peut-être qu’on fera une autre fresque où ce sera plus Socrome qui sera en avant, ou moi sur un autre projet. On fait toujours au mieux pour que la fresque ait une cohérence. Le but n’était pas que je fasse une œuvre biomécanique, ça n’allait pas avec l’idée et la thématique. Ce qui m’a inspiré ici, c’est quelque chose de l’univers de Tim Burton, avec les rayures, la petite fille assez fine avec ses grands bras, un peu mignonne… C’est cet univers que je suis allé chercher pour faire quelque chose de neuf. On n’allait pas faire tel quel « Les Contes de Broca », le but n’était pas de copier l’original mais de nous approprier l’univers. C’est pour ça que Key a mené la danse avec les deux personnages principaux, et ensuite Socrome et moi avons développé l’univers autour de ce qu’il avait placé.

 

Le conte à la base est oral, avant les illustrations, il y a les mots. Ici, le lettrage se fait discret dans les deux compositions. Comment vous vous êtes décidés sur ce point ?

C’est un équilibre. Il y a dix ans, on aurait peut-être été frustrés de ne pas poser un lettrage wildstyle, mais ça n’était pas cohérent avec l’idée que je me faisais du projet. Je me suis souvent posé la question avec Key, mais ce qu’il fallait c’est que le personnage principal conserve son attrait au niveau du regard et que le lettrage vienne compléter. On ne nous a pas commandé du graffiti, ou du Babs. Là, il s’agit d’une composition, il fallait que ce soit un ensemble, qu’on travaille en osmose. On a choisi que les éléments principaux seraient des personnages. Les lettres deviennent décors, souvent les gens ne les voient pas du tout. On a intégré nos noms, mais c’est vraiment secondaire, ils ne seraient pas là ce serait la même chose.

 

Sous le pont Broca, il y a un éclairage multicolore qui change de couleurs. Vous avez travaillé avec cet éclairage déjà en place ou est-ce qu’il fait parti de votre réalisation ?

On a travaillé en fonction, il était déjà là. C’est pour ça qu’on a travaillé en Noir & Blanc, les néons sont suffisamment forts pour apporter de la couleur à toute la fresque. Si on avait intégré de la couleur, ça aurait court-circuité certaines nuances.

Du coup, ça donne de la vie. À chaque fois qu’on prend une photo, on a un rendu différent de la même fresque. On a adapté aux extrémités en remettant de la couleur parce que les néons ne courent pas sur toute la longueur, on a simulé la continuité colorée. Ça a été un peu le challenge.

 

Le projet a été subventionné par le budget participatif de la Ville de Paris, comment ça s’est passé ?

C’est l’association qui s’est occupée de tout. On a fourni le projet et c’est eux qui on tout porté.

Ils nous ont donné les lieux, les dimensions, les cadres, les thématiques, et nous ont laissé carte blanche. Ils ont été très cool sur cet aspect.

Ça fait 10 ans qu’on me propose des commandes « fais moi un Schtroumpf, une belle au bois dormant, ma devanture, mon mur… » ce sont des choses que je refuse généralement. Là, on est parti d’un thème certes, mais on a eu le champ libre. Avec l’idée que s’il y avait un souci, ils nous le diraient. Tout ce qu’on a présenté a été validé, et ça a fonctionné.

 

Où et quand est-ce qu’on pourra voir votre travail dans les temps à venir ?

Babs : https://www.instagram.com/babsuvtpk/

Dans une exposition collective où je présente une série limitée en Plexiglas de 5 exemplaires, noir sur noir, du 7 au 16 juin à la Galerie Nunc puis à la Galerie Ground Effect.

Au Portugal, dans le cadre du Festival Loures Arte Publica à partir du 23 juin.

Key : https://www.instagram.com/clumsyhandz/

On emmène l’exposition « Erokuro » avec Cara à Marseille le 4 juillet, puis à Tokyo en septembre. Et toujours le tatouage, au salon Yoso, Paris 19.

http://www.yoso.paris/

 

Interview réalisé par : ÇA FAIT DU [ BRUIT ] – Créateur de rumeurs

www.cafaitdubruit.fr/